La crise du Covid-19 a fait redécouvir à nos compatriotes l’importance du bien commun et de nos services publics. Il faut cette situation dramatique, pour qu’au sein de la population, pour que dans les médias, toutes les tendances politiques louent l’engagement, l’importance des agents publics en cette période difficile, car ils sont essentiels au bon fonctionnement de notre République.
Pourtant « ces nouveaux héros », ceux que l’on nomme aujourd’hui « les premiers de cordées », personnels soignants, ripers, AVS, professeurs, instituteurs, électriciens-gaziers, postiers, pompiers, policiers, agents communaux, sont sacrifiés sur l’autel du libéralisme économique depuis 40 ans par ces mêmes chantres du capitalisme : ils louent aujourd’hui ceux qu’ils ont dénigré hier, car privilégiés, feignants et surtout pas assez rentable !
Un exemple, notre système de santé qui a patiemment été détruit par ces gouvernements successifs. Les lois de financement de l’assurance maladie sous Juppé ouvrent le bal : ces ordonnances aboutissent rapidement à la fermeture des plus petits établissements. Plus de 60 000 places d’hospitalisation à temps complet (définies en nombre de lits) disparaissent entre 2003 et 2016. Puis le « Plan Hôpital 2007 » instaure le début de la « tarification à l’acte ». Selon ce nouveau mode de financement, les établissements reçoivent un budget en fonction du nombre d’actes qui y sont réalisés. Les hôpitaux sont ainsi soumis à plus de pression et à une logique de rentabilité.
En 2009, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot sous la présidence Sarkozy fait voter la loi dite « Hôpital, patients, santé et territoire ». Le pouvoir est transféré dans son intégralité aux directeurs. Or, ces directeurs ne sont souvent plus des médecins, issus du terrain, et n’ont pas de formation médicale. Ce sont des hauts-fonctionnaires passés par l’École des hautes études en santé publique, une sorte d’ENA dédiée à la gestion financière des hôpitaux.
Sous la présidence de François Hollande, Marisol Tourraine fait à son tour adopter une loi pour réorganiser l’hôpital. Cette « loi de modernisation de la santé » est votée en 2016. L’une de ces mesures centrales est la création des « groupements hospitaliers de territoire. Ces groupements doivent inciter aux fusions entre hôpitaux, ce qui permet, au final, de réduire les nombre des établissements et de poursuivre la suppression de lits.
Enfin, lors du vote du budget pour 2020, malgré l’annonce en grande pompe d’un « Grand plan pour l’hôpital », Agnès BUZYN, ministre de la santé demande 800 millions d’euros d’économies aux hôpitaux et 4,2 milliards à l’Assurance maladie. On arrive à un total de 12,2 milliards d’économies sur les dépenses de santé depuis l’arrivée de Macron.
En 20 ans de politique libérale, ce sont 100 000 lits d’hôpitaux qui ont été supprimés, des conditions de travail qui se sont plus que dégradés, un système de santé à bout de souffle. Avant la crise, depuis le 8 mars 2019, dans l’indifférence générale, les hospitaliers se mettent en grève. 1 200 chefs de service démissionnent de leurs fonctions administratives pour protester contre leur condition de travail et le management libéral de l’hôpital. Le gouvernement Macron répond par la matraque !
Nous pourrions multiplier l’exemple des hôpitaux au secteur de l’énergie, rappelé comment ces mêmes gouvernements se sont acharnés à démanteler EDF pour le livrer au capital, La Poste… avec toujours une même logique : moins de fonctionnaires, plus de rentabilité, et surtout une ouverture aux marchés…
Comment ne pas être indigné et révolté par « ce bal des hypocrites » ! Quand la pandémie prendra fin, ne soyons pas dupe, malgré leurs louanges, la casse reprendra. N’oublions pas qui sont les responsables ! Notre lutte pour la défense des services publics devra s’intensifier, contre les capitalistes vautours !!!!